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neur en me répondant. Personne, j’ose le dire, n’a plus que moi le sens de la nécessité des gouvernements. Qu’ils s’appellent monarchiques ou républiques, selon les mœurs ou les temps, peu importe ; mais qu’ils soient éclairés et forts, c’est tout l’homme ; ils sont la forme de l’humanité et la condition de tous ses progrès ; ils sont aux masses ce que l’organisation est aux individus, c’est-à-dire la loi même de leur existence ; ils sont les instruments des idées qui travaillent de siècle en siècle à remuer et à transformer le monde ; et la tendance de tout esprit qui veut que les idées triomphent et que l’humanité grandisse est plutôt d’exagérer que d’énerver la force des gouvernements. Je confesse tout haut que c’est la mienne.

Mais je me hâte d’abandonner de si hautes questions, si inopportunément soulevées à propos de quelques pauvres vers, et je reviens à ce qu’il y a de plus infime au monde, une misérable question d’art et des hémistiches justement revendiqués par la critique. Je ne les lui disputerai pas. J’acquiesce à beaucoup de reproches mérités d’incorrection, de faiblesse, de négligences et même d’inconvenances de style : j’en fais justice moi-même dans cette nouvelle édition. Je remercie les écrivains consciencieux qui ont bien voulu me les signaler. Il faut au moins faire profiter au lecteur cette critique impartiale et bienveillante, souvent aussi pénible à celui qui l’exerce qu’à celui qui la subit.