Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Son regard, satisfait, pour Cédar s’adoucit.
Mais déjà des troupeaux la foule s’éclaircit ;
L’éléphant, dont la trompe en jouant brise l’arbre,
Vient le dernier, levant, comme un pilier de marbre,
Ses pieds dont chaque trace au sol s’approfondit ;
L’élan, dont le sabot de roc en roc bondit ;
La biche vagabonde, ou l’errante gazelle,
Qui n’entend que d’en haut la corne qui l’appelle,
Viennent, de loin en loin, du bassin écoulé,
Sous l’ombre de Zebdor, boire le fond troublé.

À la fin du troupeau dont le compte s’achève,
Du malheureux Cédar la terreur se soulève.
Lorsque sur la montagne en entendant marcher,
Il avait aperçu ses tyrans s’approcher,
Redoutant, mais trop tard, leur visite imprévue,
Pour sauver les jumeaux dérobés à leur vue,
À peine, près de lui, les avait-il cachés
Sous de larges rameaux au boab arrachés,
Tremblant qu’un pied distrait ne tombât sur leur couche
Ou qu’un cri de leur soif ne sortit de leur bouche.
Mais les enfants dormaient au verdoyant berceau,
Sans même en soulever de leur souffle l’arceau ;
Et Zebdor se levait déjà pour redescendre,
Quand derrière la branche un bruit se fait entendre :
Des gazelles c’était le bondissant troupeau,
Qui descendait des monts et venait humer l’eau.
Leur groupe gracieux lèche l’onde qui coule :
Une seule en flairant s’écarte de la foule ;