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tueux à mesure que la fortune était plus insolente, Treilhard entendit cette expression. S’avançant entre le roi et Malesherbes « Qui vous donne, dit Treilhard à l’ancien ministre, la dangereuse audace de prononcer ici des titres proscrits par la nation ? — Le mépris de la vie ! » répondit dédaigneusement Malesherbes, et il continua la conversation.


XVII


La Convention, ayant fait entrer le roi accompagné de ses défenseurs, écouta dans un religieux silence les discours de Desèze. On voyait à l’attitude de la Montagne qu’il n’y avait plus d’agitation parce qu’il n’y avait plus de doute. Les juges avaient la patience de la certitude. Ils donnaient une heure ce roi, à qui, dans leur pensée, ils avaient déjà enlevé une vie. Desèze parla avec dignité, mais sans éclat. Il garda le sang-froid de la raison devant l’ardeur d’une passion publique. Son plaidoyer, au niveau de ses devoirs de défenseur, ne s’éleva que dans quelques phrases au niveau de la circonstance. Il discuta quand il fallait frapper. Il oublia qu’il n’y a d’autre conviction pour un peuple que ses émotions ; que la témérité des paroles est, dans certains cas, la souveraine prudence, et qu’il n’y a dans les circonstances suprêmes qu’une éloquence désespérée qui puisse sauver tout, en risquant de tout perdre.

Ce fut une des fatalités attachées à la vie de Louis XVI