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papier, empreint de ses tendresses, trempé de ses larmes et bientôt de son sang, était l’irrécusable témoignage que sa conscience portait d’elle-même devant Dieu. Quel peuple n’eût adoré un tel homme, si cet homme n’eût pas été un roi ? Mais quel peuple, de sang-froid, n’eût absous un tel roi, qui savait lui-même tant pardonner et tant aimer ? Ce testament, le plus grand acte de la vie de Louis XVI parce qu’il fut l’acte de son âme seule, jugeait plus infailliblement sa vie et son règne que le jugement inflexible porté bientôt par des hommes irrités. En se dévoilant ainsi lui- même à l’avenir, Louis accusait involontairement la dureté des temps qui allaient le condamner au supplice. Il croyait avoir pardonné, et, par la sublimité même de sa douceur, il s’était à jamais vengé !


XV


Le même jour ses défenseurs vinrent lui présenter le plan complet de sa défense. Malesherbes et le roi lui-même avaient fourni les documents de fait, Tronchet les arguments de droit. Desèze avait rédigé le plaidoyer. Desèze lut cette défense. La péroraison s’adressait à l’âme du peuple et s’efforçait de fléchir les juges par le tableau pathétique des vicissitudes de la famille royale. Cette apostrophe à la nation arracha des larmes des yeux de Malesherbes et de Tronchet. Le roi lui-même était ému de la pitié que son défenseur voulait inspirer à ses ennemis. Sa