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Le roi choisit les deux plus célèbres avocats de Paris : MM. Tronchet et Target. Il donna lui-même aux commissaires l’adresse de la maison de campagne qu’habitait Tronchet. II. déclara ignorer la demeure de Target. Ces noms rapportés dans la même séance à la Convention, le ministre de la justice, Garat, fut chargé de notifier aux deux défenseurs le choix que le roi avait fait d’eux pour ce dernier ministère de dévouement et de salut.

Tronchet, avocat formé aux luttes politiques par les orages de l’Assemblée constituante, dont il avait été un membre laborieux, accepta sans hésiter la mission glorieuse qui tombait du cœur d’un proscrit sur son nom. Target, parole sonore, mais âme pusillanime, s’effraya du danger de paraître en complicité même avec la dernière pensée d’un mourant. Il écrivit à la Convention une lettre d’excuses dans laquelle il écartait de lui une tâche à laquelle ses principes, disait-il, ne lui permettaient pas de s’attendre. Cette faiblesse, loin de populariser Target, le rendit l’objet de la pitié de tous les partis.

Plusieurs noms s’offrirent pour remplacer Target. Le roi choisit Desèze, avocat de Bordeaux, établi à Paris. Le jeune Desèze dut à ce choix, dont il était digne, car il en était fier, la célébrité d’une longue vie, la première magistrature de la justice sous un autre règne, et l’illustration perpétuée de son nom dans sa race.

Mais ces deux hommes n’étaient que les avocats du roi. Il lui fallait un ami. Pour la consolation de ses derniers jours et pour la gloire du cœur humain, cet ami se trouva.