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rait en eux pour sauver à la fois la constitution et le roi. Dévoué à l’une et à l’autre, il était le nœud qui s’efforçait d’unir les Girondins à la royauté. Jeune, il avait les illusions de son âge. Constitutionnel, il avait la sincérité de sa conviction ; mais faible, maladif, plus prompt à entreprendre que ferme à exécuter, il était de ces hommes provisoires qui aident les événements à s’accomplir, et qui ne les embarrassent pas quand ils sont accomplis.

Mais le principal ministre, celui entre les mains duquel allait reposer le sort de la patrie et se résumer toute la politique des Girondins, c’était le ministre des affaires étrangères, destiné à remplacer l’infortuné de Lessart. La rupture avec l’Europe était l’affaire la plus urgente de ce parti ; il lui fallait un homme qui dominât le roi, qui déjouât les trames secrètes de la cour, qui connût le mystère des cabinets européens, et qui par son habileté et sa résolution sût à la fois forcer nos ennemis à la guerre, nos amis douteux à la neutralité, nos partisans secrets à notre alliance. Ils cherchaient cet homme. Ils l’avaient sous la main.