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barrassée de Pétion et averti par un signe d’intelligence du maire, courut à l’Assemblée nationale et parla à plusieurs membres : « Si vous ne mandez pas sur-le-champ le maire de Paris à votre barre, il va être assassiné ! » dit-il.

Louis XVI, agenouillé devant Dieu, et le cœur plus plein de pardon que de vengeance, ne songeait point à un assassinat. Mais l’Assemblée feignit de croire à une pensée criminelle de la cour. Elle manda le maire. Deux huissiers, précédés de gardes et de flambeaux, vinrent avec appareil signifier le décret libérateur à Pétion. Au même instant, le ministre de la justice l’envoyait prier de monter chez le roi. « Si je monte, dit-il, je ne redescendrai jamais. » Pétion se rendit à l’Assemblée, et de là à l’hôtel de ville. Il y fut retenu par ses complices de Charenton, et ne reparut plus au château.


III

Il était plus de minuit. Toutes les fenêtres des Tuileries étaient ouvertes. On s’y pressait en foule pour écouter le tocsin. Chacun nommait successivement le quartier, l’église, le clocher d’où partait le rappel des révolutions.

Dans la ville, les citoyens sortaient à ce bruit de leurs maisons et se tenaient sur le seuil de leurs portes, prêts à suivre le torrent où il voudrait les entraîner. Les sections, convoquées insurrectionnellement depuis dix heures, avaient délibéré presque à huis clos, et envoyé chacune des com-