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avides de notre sang, ne nous montrons point avides du leur ! leur crime est d’avoir voulu détruire leur patrie ; eh bien, qu’errants et vagabonds sur le globe, leur punition soit de ne trouver de patrie nulle part ! (On applaudit.) Si l’empereur tarde de répondre à vos sommations, que tout délai soit considéré comme un refus ; que tout refus de s’expliquer, de sa part, soit considéré comme une déclaration de guerre ! Attaquez pendant que l’heure est pour vous. Si dans la guerre de Saxe Frédéric eût temporisé, le roi de Prusse serait en ce moment le marquis de Brandebourg. Il a attaqué, et la Prusse dispute aujourd’hui à l’Autriche la balance de l’Allemagne qui a échappé à vos mains !

» Jusqu’ici vous n’avez suivi que des demi-déterminations, et l’on peut appliquer à vos mesures le langage que tenait, en pareille circonstance, Démosthène aux Athéniens : — « Vous vous conduisez à l’égard des Macédoniens, leur disait-il, comme ces barbares qui combattent dans nos jeux à l’égard de leurs adversaires ; quand on les frappe au bras, ils portent la main au bras ; quand on les frappe à la tête, ils portent la main à la tête ; ils ne songent à se défendre que lorsqu’ils sont blessés, sans jamais penser à parer d’avance les coups qu’on leur prépare. Philippe arme, vous armez aussi ; désarme-t-il, vous posez les armes. S’il attaque un de vos alliés, aussitôt vous envoyez une armée nombreuse au secours de cet allié ; s’il attaque une de vos villes, aussitôt vous envoyez une armée nombreuse à la défense de cette ville. Désarme-t-il encore ; vous désarmez de nouveau, sans vous occuper des moyens de prévenir son ambition et de vous mettre à l’abri de ses attaques. Ainsi vous êtes aux ordres de votre ennemi, et c’est lui qui commande votre armée. »