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daient des bataillons fidèles et des fenêtres du château. Des regards menaçants, des gestes de défi, des apostrophes injurieuses, s’échangeaient entre ces corps destinés à combattre un moment après pour la même cause. Les canonniers serraient la main aux hommes des piques et leur promettaient leur immobilité ou leur secours devant le peuple. Le bataillon des Filles-Saint-Thomas, alarmé de ces dispositions des canonniers, envoya quarante grenadiers d’élite de ce bataillon prendre poste à côté de ces canonniers, pour les surveiller à leur insu et les empêcher d’emmener leurs pièces.


XIV

Telles étaient à l’extérieur la force, la contenance, les dispositions morales des défenseurs du châteaux : quatre ou cinq mille hommes, quelques-uns dévoués, beaucoup indifférents, la plupart hostiles, commandés par l’impression du moment et dont le nombre variait d’heure en heure selon que la fidélité ou la désertion grossissait ou affaiblissait les rangs. Hors des cours, dans les rues adjacentes et dans le Carrousel, la foule, curieuse ou irritée, encombrait les avenues du château. Les hommes du 20 juin, les fédérés oisifs et errants dans Paris, les Marseillais que la voix de Danton n’avait pas encore rassemblés aux Cordeliers, se groupaient à tous les guichets, à toutes les portes, du côté du jardin, du côté du Pont-Royal, du côté des cours. Ils accueillaient