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dans l’attente et qui épuise toutes nos ressources, le jour de cet épuisement ne sera-t-il pas le dernier de la constitution ? L’état où l’on nous tient est un véritable état d’anéantissement, qui peut nous conduire à l’opprobre ou à la mort. (Vifs applaudissements.) Aux armes donc, citoyens ! aux armes, hommes libres ! défendez votre liberté, assurez l’espoir de celle du genre humain, ou bien vous ne méritez pas même la pitié dans vos malheurs. (Les applaudissements recommencent.)

» Nous n’avons d’autres alliés que la justice éternelle dont nous défendons les droits. Nous est-il interdit cependant d’en chercher d’autres et d’intéresser les puissances qui seraient menacées avec nous par la rupture de l’équilibre de l’Europe ? Non, sans doute ; déclarez à l’empereur que dès ce moment les traités sont rompus ! (Bravos prolongés.) L’empereur les a rompus lui-même. S’il hésite encore à vous attaquer, c’est qu’il n’est pas prêt ! Mais il est démasqué. Félicitez-vous ! l’Europe a les yeux fixés sur vous ; apprenez-lui enfin ce que c’est que l’Assemblée nationale de France ! Si vous vous montrez avec la dignité qui convient aux représentants d’un grand peuple, vous aurez ses applaudissements, son estime, son appui. Si vous montrez de la faiblesse, si vous manquez l’occasion que la Providence vous donne de vous affranchir d’une situation qui vous entrave, redoutez l’avilissement que vous prépare la haine de l’Europe, celle de la France, celle de votre siècle et de la postérité. (On applaudit.)

» Mais faites plus : exigez que vos couleurs soient respectées au delà du Rhin ; exigez que l’on disperse vos émigrés. Je pourrais demander qu’on les rende à leur patrie, qu’ils outragent, pour les punir. Mais non ! s’ils ont été