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nous nous serons ensevelis sous les cendres de nos villes ! »

Des discours analogues à cette adresse agitaient l’âme du peuple dans les sections. La presse répandit dans tout le royaume un de ces discours prononcés à la section du Luxembourg, et dont la concision relevait l’énergie. « Français, vous avez fait une révolution, contre qui ? — Contre le roi, la cour, les nobles et leurs partisans ! — À qui avez-vous confié le sort de cette révolution après l’avoir faite ? — Au roi, à la cour, aux nobles et à leurs partisans ! — À qui faites-vous la guerre au dehors ? — Aux rois, aux cours, aux nobles et à leurs partisans ! — Qui avez-vous mis à la tête de vos armées ? — Le roi, les nobles, la cour et leurs complices ! Eh bien, concluez : ou le roi, les nobles et les intrigants qui sont à la tête de vos affaires et de vos armées sont tous des Brutus qui sacrifient leurs pères, leurs frères, leurs fils au salut de la patrie, ou ils vous trahissent ! » La conclusion de ce discours, facile à tirer, était qu’il ne fallait pas confier une révolution aux hommes contre qui elle a été faite, c’est-à-dire que toutes les demi-révolutions sont des chimères, et qu’il n’y a que la république qui puisse faire une guerre sincère à la monarchie. « Levez-vous, citoyens ! disait la section Mauconseil. Un tyran méprisable se joue de nos destinées, qu’il tombe ! L’opinion seule fait la force des rois ; eh bien, que l’opinion le détrône ! Déclarons que nous ne reconnaissons plus Louis XVI pour roi des Français. »

Danton, dans la section du Théâtre-Français, foula aux pieds cette distinction aristocratique entre les citoyens actifs et les citoyens passifs, et les appela tous, prolétaires ou propriétaires, à prendre les armes pour le salut de la patrie commune.