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hommes les instruments de la Révolution, et qui ne leur permit jamais d’en devenir les dominateurs. Ils étaient destinés par leur caractère à lui donner l’impulsion, jamais la direction. Aussi elle les emporta tous avec elle, ailleurs et plus loin qu’ils ne prétendaient aller.


XVIII

Ce plan avorta par l’impossibilité de faire dans le reste de la nuit les dispositions nécessaires à un rassemblement d’insurgés. Barbaroux accusa de ce délai Santerre, qui voulait plutôt l’agitation de son faubourg que le renversement du gouvernement. Pétion lui-même n’était pas prêt. Centre de tous les mouvements légaux ou insurrectionnels de la garde nationale, confident à la fois de ceux qui voulaient défendre la constitution et de ceux qui voulaient l’attaquer, il parlait à chacun un langage différent et donnait des ordres contradictoires. Il en résulta une confusion de dispositions, de conseils et de mesures qui, laissant tout le monde dans l’incertitude sur les véritables intentions du maire de Paris, suspendit tout… Ni Paris ni les faubourgs ne s’émurent. Les Marseillais se mirent en marche sans autre cortége que les chefs qui étaient venus fraterniser la veille avec eux. Deux cents hommes de garde nationale et une cinquantaine de fédérés sans uniformes, armés de piques et de couteaux, assistèrent seuls à leur entrée dans Paris. L’écume des faubourgs et du Palais-Royal, des en-