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l’occasion de tout excès. Ce serait un acte de la volonté du peuple, grand, pur et irrésistible comme lui.

Tel était le plan des Girondins, écrit au crayon par Barbaroux, copié par Fournier l’Américain, un des chefs des Marseillais, et adopté par Danton et par Santerre.


XVII

Les conspirateurs s’entre-jurèrent de l’exécuter le lendemain ; et, pour se prémunir réciproquement contre la révélation d’un traître, s’il pouvait y avoir un traître parmi eux, ils convinrent de se surveiller mutuellement. Chaque chef marseillais prit avec lui un des chefs parisiens, chaque meneur parisien s’adjoignit un officier marseillais : Héron avec Rebecqui, Barbaroux avec Bourdon, et ainsi des autres, afin que la trahison, de quelque côté qu’elle vînt, eût à l’instant son vengeur dans le complice même qu’elle aurait choisi. Quant à la décision de l’Assemblée nationale, on s’abstint de la préjuger, de peur de faire naître des divisions au moment où l’unanimité était nécessaire. Il faut que le but des partis soit vague et indécis comme les passions et les chimères de chacun de ceux qui les composent. On diminue tout ce qu’on précise. Ne rien définir et tout espérer, c’est le prestige des révolutions.

Seulement la déchéance du roi était le cri général des patriotes ; on la demandait déjà tout haut dans les clubs, dans les sections, dans les pétitions, à l’Assemblée. Le