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oublie qu’une, et celle-là suffirait à elle seule pour rendre l’ordre à l’empire et la sécurité à la nation. C’est l’union de tous ses enfants dans une même pensée ; c’est le rapprochement de tous les membres de cette Assemblée, exemple irrésistible qui rapprocherait tous les citoyens ! Et quoi donc s’y oppose ? Il n’y a rien d’irréconciliable que le crime et la vertu. Les honnêtes gens ont un terrain commun de patriotisme et d’honneur, où ils peuvent toujours se rencontrer. Qu’est-ce qui nous sépare ? Des préventions, des soupçons des uns contre les autres. Étouffons-les dans un embrassement patriotique et dans un serment unanime. Foudroyons par une exécration commune la république et les deux chambres !… »

À ces mots, l’Assemblée entière se lève, le serment sort de toutes les bouches, des cris d’enthousiasme retentissent dans la salle, et vont apprendre au dehors que la parole d’un honnête homme a éteint les divisions, confondu les partis, rapproché les hommes. Les membres des factions les plus opposées quittent leurs places et vont embrasser leurs ennemis. La gauche et la droite n’existent plus. Ramon, Vergniaud, Chabot, Vaublanc, Gensonné, Basire, Condorcet, Pastoret, Jacobins et Girondins, constitutionnels et républicains, tout se mêle, tout se confond, tout s’efface dans une fraternelle unité. Ces cœurs lassés de divisions se reposent un moment de la haine. On envoie un message au roi pour qu’il jouisse de la concorde de son peuple. Le roi accourt. Il est enveloppé de cris d’enthousiasme. Son âme respire de meilleures espérances. L’émotion arrache à sa timidité naturelle quelques mots touchants qui redoublent les transports de l’Assemblée. « Je ne fais qu’un avec vous, dit-il d’une voix où roulent des larmes. Notre union sauvera