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en menaçant de son épée la Révolution, n’avait fait que la réveiller avec plus de fureur. « Frappez un grand coup, s’écrièrent les pétitionnaires patriotes ; licenciez l’état-major de la garde nationale, cette féodalité municipale où l’esprit de trahison de La Fayette vit encore et corrompt le patriotisme ! »

Le peuple s’attroupa de nouveau dans les jardins publics. Un rassemblement se forma devant la maison de La Fayette et brûla un arbre de la liberté, que des officiers de la garde nationale avaient planté à sa porte pour honorer leur général. On craignait à chaque instant une nouvelle invasion des faubourgs. Pétion adressa aux citoyens des proclamations ambiguës dans lesquelles les insinuations contre la cour se mêlaient aux recommandations paternelles du magistrat. Le roi sanctionna la suspension de Pétion de ses fonctions de maire de Paris. Les factieux s’indignèrent qu’on leur enlevât leur complice. La popularité de Pétion devint de la rage. Le cri de Pétion ou la mort ! répondit à cette mesure. Les gardes nationales et les sans-culottes se battirent au Palais-Royal. Les fédérés des départements arrivaient par détachements et renforçaient ceux de Paris. Les adresses des départements et des villes, apportées par les députations de ces fédérés, respiraient la colère nationale. « Roi des Français, lis et relis la lettre de Roland ! Nous venons punir tous les traîtres ! Il faut que la France soit à Paris pour en chasser tous les ennemis du peuple. Le rendez-vous est sous les murs de ton palais. Marchons-y, » disaient les fédérés de Brest.

Le ministre de l’intérieur demanda à l’Assemblée des lois contre ces réunions séditieuses. L’Assemblée lui répondit en sanctionnant ce rassemblement tumultueux dans Paris