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étaient honorables, mais chimériques. Mirabeau, Barnave, La Fayette, se ressemblaient tous dans leurs plans de restauration monarchique. Tout-puissants dans l’agression, faibles dans la défense : pour démolir ils ont le peuple, pour reconstruire ils n’ont que leur courage et leur vertu.


VIII

Ces plans, un moment discutés, furent tour à tour rejetés par le roi. Placé au centre du danger, il sentait l’impraticabilité du remède. Il ne se fiait pas à ces repentirs d’ambition, qui ne lui présentaient pour le salut que ces mêmes mains auxquelles il croyait devoir sa perte. Passer dans le camp de La Fayette ne lui semblait que changer de servitude. « Nous savons bien, disaient les amis de Louis XVI, que La Fayette sauvera le roi, mais il ne sauvera pas la monarchie. »

La reine, dont la fierté égalait le courage, dédaigna d’implorer la vie de la commisération de celui qui avait tant abaissé son orgueil. De tous les hommes du temps, celui qu’elle redoutait le plus, c’était La Fayette, car il avait été pour elle la première figure de la Révolution. Les autres la menaçaient sans doute ; La Fayette seul lui était suspect même dans ses plans pour la sauver. Elle aimait mieux les périls que l’abaissement : elle refusa tout. D’ailleurs ses relations secrètes avec Danton la tranquillisaient. La vie du roi respectée au 20 juin, malgré les insultes des