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sant m’appelait. Les violences du 20 juin ont soulevé l’indignation et les alarmes de tous les bons citoyens et surtout de l’armée. Dans la mienne, les officiers, sous-officiers et soldats ne font qu’un. J’ai reçu de tous les corps des adresses pleines de dévouement à la constitution, de haine contre les factieux. J’ai arrêté ces manifestations. Je me suis chargé d’exprimer seul le sentiment de tous. C’est comme citoyen que je vous parle. Il est temps de garantir la constitution, d’assurer la liberté de l’Assemblée nationale, celle du roi, sa dignité. Je supplie l’Assemblée d’ordonner que les excès du 20 juin seront poursuivis comme des crimes de lèse-nation, de prendre des mesures efficaces pour faire respecter toutes les autorités constituées, et particulièrement la vôtre et celle du roi, et de donner à l’armée l’assurance que la constitution ne recevra aucune atteinte à l’intérieur pendant que les braves Français prodiguent leur sang pour la défense des frontières. »


V

Ces paroles, écoutées avec le frémissement concentré de la colère par les Girondins, furent applaudies de la majorité de l’Assemblée. Derrière La Fayette, Brissot et Robespierre voyaient la garde nationale et l’armée. Sa popularité, qui n’était plus qu’une ombre, le protégeait encore ; mais quand les Jacobins et les Girondins, un moment consternés, virent que ce n’était là qu’un coup d’État comminatoire,