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l’autre, dit à Rœderer : « Ne trouvez-vous pas que le roi a été bien vif ? ne craignez-vous pas que cela ne lui nuise dans l’esprit public ? — Madame, répondit Rœderer, personne ne s’étonnera que le roi impose silence à un homme qui parle sans l’écouter. » Le roi écrivit le 22 à l’Assemblée pour se plaindre des excès dont sa demeure avait été le théâtre et pour remettre sa cause dans ses mains. Il publia une proclamation au peuple français. Il y peignait les violences de la multitude, les armes portées dans son palais, les portes enfoncées à coups de hache, les canons braqués contre sa famille. « J’ignore où ils voudront s’arrêter, disait-il en finissant, avec une résignation calculée ; si ceux qui veulent renverser la monarchie ont besoin d’un crime de plus, ils peuvent le commettre ! » Le roi et la reine passèrent en revue les gardes nationales de Paris aux acclamations de : « Vive le roi ! » et de : « Vive la nation ! » Des départements indignés envoyèrent des adresses d’adhésion au trône ; d’autres départements, d’adhésion aux Girondins. Tout présageait une lutte plus décisive. Le roi n’avait point cédé. L’émeute avait trompé l’espoir de ceux qui voulaient frapper et de ceux qui voulaient seulement intimider. La journée du 20 juin était trop pour une menace, trop peu pour un attentat.