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On lui répondit par des éclats de rire ironiques et par des huées. « Ne dirait-on pas que le bonnet des patriotes est un signe avilissant pour le front d’un roi ! dit le Girondin Lasource ; ne croirait-on pas que nous avons des inquiétudes sur les jours du roi ! N’insultons pas le peuple en lui prêtant des sentiments qu’il n’a pas. Le peuple ne menace ni la personne de Louis XVI ni celle du prince royal. Il ne commet aucun excès, aucune violence. Adoptez des mesures de douceur et de conciliation. » C’était l’assoupissement perfide de Pétion. L’Assemblée se rendormit à ces paroles.


XXIV

Cependant Pétion lui-même ne pouvait feindre plus longtemps d’ignorer la marche d’un rassemblement de quarante mille âmes traversant Paris depuis le matin, l’entrée de ce rassemblement armé dans l’Assemblée et l’invasion des Tuileries. Son absence prolongée rappelait le sommeil de La Fayette au 6 octobre, mais l’un complice, l’autre innocent. La nuit approchait, elle pouvait cacher dans ses ombres des désordres et des attentats qui dépasseraient les vues des Girondins. Pétion parut dans les cours : des cris de : « Vive Pétion ! » l’accueillirent. On le porta de bras en bras jusqu’aux dernières marches de l’escalier. Il pénétra dans la salle où depuis trois heures Louis XVI subissait ces outrages. « Je viens d’apprendre seulement à présent la situation de Votre Majesté, dit Pétion au roi. — Cela est