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cueillit à la hâte, par les couloirs secrets qui communiquaient de la chambre à coucher dans l’intérieur du palais, quelques officiers et quelques gardes nationaux égarés dans le tumulte. Il fit approcher de la reine ses enfants, pour que leur présence et leur grâce, en attendrissant la foule, servissent de bouclier à leur mère. Il ouvrit lui-même les portes. Il plaça la reine et ses femmes dans l’embrasure d’une fenêtre. On roula en avant de ce groupe la table massive du conseil, pour interposer une barrière entre les armes de la populace et la vie de la famille royale. Quelques gardes nationaux se massèrent aux deux


    depuis nos malheurs madame de La Roche-Aymon a été constamment auprès de nous ? »

    La journée du 10 août fournit à la reine une nouvelle occasion de prouver à madame de La Roche-Aymon que, malgré ses angoisses personnelles, son cœur reconnaissant partageait celles que la marquise devait ressentir pour ses enfants, qu’elle n’avait pas vus depuis vingt-quatre heures, et qui étaient restés dans son hôtel, situé sur la place du Carrousel (hôtel dont la machine infernale a détruit une partie). Voulant rapprocher ces enfants de leur mère, la reine envoya, dès que la nuit fut venue, deux officiers des gardes suisses avec des hommes dévoués, qui pénétrèrent dans l’hôtel de La Roche-Aymon par une petite porte du jardin située à côté du corps de garde de gendarmerie, et ramenèrent les deux enfants près de la reine qui, comme d’habitude, les réunit à monseigneur le Dauphin et à Madame Royale.

    Ce fut par une protection toute providentielle que la marquise et ses enfants sortirent sains et saufs du château des Tuileries à la fin de cette journée néfaste.

    Plus tard, enfermés à l’Abbaye, ils n’échappèrent au massacre que grâce au dévouement du concierge de cette prison, lequel se trouvait être un ancien serviteur de M. le marquis de La Roche-Aymon.

    La seconde captivité de madame de La Roche-Aymon n’a fini qu’après la mort de Robespierre.