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tage à Arcis-sur-Aube. Ces deux fils de Danton, effrayés du bruit de leur nom, vivent encore, retirés sur un domaine de famille, qu’ils cultivent de leurs propres mains. Ils ont replié à eux dans une honnête et laborieuse obscurité toute la renommée de leur père. Comme le fils de Cromwell, ils ont aimé d’autant plus l’ombre et le silence de la vie, que leur nom avait eu un trop sinistre éclat et un trop orageux retentissement dans le monde. Ils sont restés dans le célibat pour qu’il s’éteignît avec eux.

En ce moment Danton, à qui ses instincts ambitieux révélaient le prochain retour de fortune des Girondins, cherchait à s’attacher à ce parti naissant, et à leur donner l’impression de sa valeur et de son importance. Madame Roland le flattait, mais avec crainte et répugnance, commet la femme flatte le lion.


XII

Pendant que les Girondins échauffaient à Paris la colère du peuple contre le roi, les hostilités commençaient en Belgique par des revers qu’on imputait aux trahisons de la cour. Ces revers furent produits par trois causes : l’hésitation des généraux, qui ne surent pas donner à leurs troupes l’élan qui emporte les masses et qui intimide les résistances ; la désorganisation des armées, que l’émigration avait privées de leurs anciens officiers, et qui n’avaient pas encore confiance dans les nouveaux ; enfin l’indiscipline, élément