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Rebelle à la discipline, paresseux au travail, aimé de ses maîtres et de ses condisciples, sa rapide compréhension l’égalait en un clin d’œil aux plus assidus. Son instinct le dispensait de réflexion. Il n’apprenait rien, il devinait tout. Ses camarades l’appelaient Catilina. Il acceptait ce nom et jouait quelquefois avec eux aux séditions et aux tumultes, qu’il suscitait ou qu’il calmait par ses harangues, comme s’il eût répété à l’école les rôles de sa vie.


XI

M. et madame Ricordin, déjà avancés en âge, lui remirent, après son éducation, la modique fortune de son père. Il vint achever ses études de droit à Paris et acheta une place d’avocat au Parlement. Il l’exerça peu et sans éclat. Il méprisait la chicane. Son âme et sa parole avaient les proportions des grandes causes du peuple et du trône. L’Assemblée constituante commençait à les agiter. Danton, attentif et passionné, était impatient de s’y mêler. Il recherchait les hommes éclatants dont la parole ébranlait la France. Il s’attacha à Mirabeau. Il se lia avec Camille Desmoulins, Marat, Robespierre, Pétion, Brune, depuis maréchal, Fabre d’Églantine, le duc d’Orléans, Laclos, Lacroix et tous les agitateurs illustres ou subalternes qui remuaient alors Paris. Il passait ses jours dans les tribunes à l’Assemblée, dans les promenades, dans les cafés ; ses nuits dans les clubs. Quelques mots heureux, quelques ha-