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aux rois et la paix aux nations, » s’écrie Merlin. La guerre est votée.

Condorcet, averti d’avance par les Girondins du conseil, lit à la tribune un projet de manifeste aux nations. En voici l’esprit : « Chaque nation a le droit de se donner des lois et de les changer à son gré. La nation française devait croire que des vérités si simples seraient consenties par tous les princes. Son espérance a été trompée. Une ligue s’est formée contre son indépendance ; jamais l’orgueil des trônes n’a insulté avec plus d’audace à la majesté des nations. Les motifs allégués par les despotes contre la France ne sont qu’un outrage à sa liberté. Cet insultant orgueil, loin de l’intimider, ne peut qu’exciter son courage. Il faut du temps pour discipliner les esclaves du despotisme ; tout homme est soldat quand il combat la tyrannie. »


VIII

Le principal orateur de la Gironde s’élance le dernier à la tribune : « Vous devez à la nation, dit Vergniaud, de prendre tous les moyens pour assurer le succès de la grande et terrible détermination par laquelle vous avez signalé cette mémorable journée. Rappelez-vous le jour de cette fédération générale où tous les Français dévouèrent leur vie à la défense de la liberté et à celle de la constitution ; rappelez-vous le serment que vous-mêmes vous avez prêté, le 14 janvier, de vous ensevelir sous les ruines de ce temple