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ne voulais de réputation que pour le bien de mes semblables ; si pour la conserver il faut trahir par un lâche silence la cause du peuple, prenez-la, souillez-la, je ne la défends plus.

» Maintenant que je me suis défendu, je pourrais vous attaquer. Je ne le ferai pas ; je vous offre la paix. J’oublie vos injures, je dévore vos outrages, mais à une condition, c’est que vous combattrez avec moi les partis qui déchirent notre pays, et le plus dangereux de tous, celui de La Fayette ; de ce prétendu héros des deux mondes, qui, après avoir assisté à la révolution du nouveau monde, ne s’est appliqué jusqu’ici qu’à arrêter les progrès de la liberté dans l’ancien. Vous, Brissot, n’êtes-vous pas convenu avec moi que ce chef était le bourreau et l’assassin du peuple, que le massacre du Champ de Mars avait fait rétrograder de vingt ans la Révolution ? Cet homme est-il moins redoutable parce qu’il est aujourd’hui à la tête de l’armée ? Non. Hâtez-vous donc. Faites mouvoir horizontalement le glaive des lois pour frapper toutes les têtes des grands conspirateurs. Les nouvelles qui nous arrivent de son armée sont sinistres. Déjà il sème la division entre les gardes nationales et la troupe de ligne. Déjà le sang des citoyens a coulé à Metz. Déjà on emprisonne les meilleurs patriotes à Strasbourg. Je vous le dis, vous êtes accusés de tous ces maux ; effacez ces soupçons en vous unissant à nous, et réconcilions-nous, mais dans le salut de la patrie ! »