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peuple et à justifier le choix du roi constitutionnel. Je porterai, dans les négociations toutes les forces d’un peuple libre, et ces négociations produiront sous peu une paix solide ou une guerre décisive. (On applaudit.) Si nous avons cette guerre, je briserai ma plume politique et je prendrai mon rang dans l’armée pour triompher ou mourir libre avec mes frères ! Un grand fardeau pèse sur moi ! Frères, aidez-moi à le porter. J’ai besoin de conseils. Faites-les-moi passer par vos journaux. Dites-moi la vérité, les vérités les plus dures ! Mais repoussez la calomnie et ne rebutez pas un citoyen que vous connaissez sincère et intrépide, et qui se dévoue à la cause de la Révolution et de la nation ! »

Le président répondit au ministre que la société se faisait gloire de le compter parmi ses frères. Ces mots soulevèrent un murmure. Ce murmure fut étouffé par les acclamations qui suivirent Dumouriez à sa place. On demanda l’impression des deux discours. Legendre s’y opposa sous prétexte d’économie : il fut hué par les tribunes. « Pourquoi ces honneurs inusités et cette réponse du président au ministre, dit Collot-d’Herbois. S’il vient ici comme ministre, il n’y a rien à lui répondre. S’il vient comme affilié et comme frère, il ne fait que son devoir, il se met au niveau de nos opinions. Il n’y a qu’une réponse à faire : qu’il agisse comme il a parlé ! » Dumouriez lève la main et fait le geste des paroles de Collot-d’Herbois.

Robespierre se lève, sourit sévèrement à Dumouriez et parle ainsi : « Je ne suis point de ceux qui croient qu’il est absolument impossible qu’un ministre soit patriote, et même j’accepte avec plaisir les présages que M. Dumouriez nous donne. Quand il aura vérifié ces présages, quand il aura