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ONZIÈME
MÉDITATION



ÉLÉGIE


Cueillons, cueillons la rose au matin de la vie ;
Des rapides printemps respire au moins les fleurs ;
Aux chastes voluptés abandonnons nos cœurs ;
Aimons-nous sans mesure, ô mon unique amie !
Quand le nocher battu par les flots irrités
Voit son fragile esquif menacé du naufrage,
Il tourne ses regards aux bords qu’il a quittés,
Et regrette trop tard les loisirs du rivage.
Ah ! qu’il voudrait alors, au toit de ses aïeux,
Près des objets chéris présents à sa mémoire,
Coulant des jours obscurs, sans périls et sans gloire,
N’avoir jamais laissé son pays ni ses dieux !