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ANTONIELLA.

Lorsque le jour baissait et que la rosée rendait l’air humide, je le reportais dans son lit, je prenais mon rouet, J’allumais ma lampe et je filais jusqu’à minuit à côté de lui. Il avait besoin de moi comme d’un de ses membres, et, à chaque service que je lui rendais comme une mère à son petit enfant, il me remerciait avec larmes et il m’embrassait avec effusion.

« Ô ma fille ! me disait-il souvent, tu as vraiment pour moi le cœur de ta pauvre mère. Que ferais-je sans toi ? Je n’aurais qu’à mourir, Tu me redonnes mille fois la vie que je t’ai donnée !

— Et pour quoi donc vivrais-je, lui répondais-je alors, si ce n’est pour vous rendre ce que je vous dois ? »