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ANTONIELLA

tefois refroidir nos cœurs l’un pour l’autre. La vieille amitié resta ; mais beaucoup de cendre comme celle de Pompéi la recouvrait. Nous finîmes par ne plus nous visiter du tout. Ce n’était pas indifférence, c’était impossibilité.

Je ne sortais plus moi-même. Mon père vieillissait ; rien ne vieillit un homme comme de déraciner son cœur d’un autre cœur glacé par la mort, quand il est trop âgé pour jeter de nouvelles racines dans un autre terrain. Il ne pouvait se consoler de la mort de ma mère ; il n’aimait plus que moi au monde ; mais il sentait bien que cette unique et solitaire affection ne tarderait pas à lui manquer aussi, et que, puisque Annunziata la servante l’avait quitté pour un jeune invalide, il viendrait un jour où un