Page:Lamartine – Antoniella.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
322
ANTONIELLA

se précipita à la grille en ouvrant les bras et mordit les barreaux qui la séparaient de ces anges. Puis, les voyant si gros, si blancs, si roses, elle resta comme asphyxiée de joie et d’admiration devant eux.

— Oh ! s’écria-t-elle, bénie soit la pensée d’Antoniella ; en les perdant, elle les a sauvés !

On ouvrit le guichet, elle les reçut et se roula sur le plancher comme une tigresse à qui l’on vient de rendre ses petits, les baisant, les palpant, les mordant, puis baisant ses morsures et les lavant avec ses larmes. Les pauvres petits, reconnaissant leur mère, lui passaient les bras autour du cou, pleuraient et riaient tour à tour. L’Abruzzienne, témoin de ces frénésies de la nature, heureuse et jalouse à la fois de