Page:Lamartine – Antoniella.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
ANTONIELLA

sages s’effaçaient vite l’un par l’autre devant mes yeux mal fermés ; mais la triste expression de la jeune captive, ses yeux baissés, sa main blanche élevant et abaissant sa navette sur son monceau de dentelles, et surtout une image commune et populaire, que j’avais vue collée aux murs de sa cellule, m’obsédaient, quoi que je fisse. Cette image, entourée d’une complainte que je n’avais pu lire, représentait une femme sur l’échafaud, entourée de prêtres, et tendant le cou au glaive du bourreau qui allait la frapper de mort. Le plaisir se lasse, la curiosité est insatiable tant qu’elle n’est pas satisfaite. J’y revenais toujours et je bâtissais dans mon imagination mille hypothèses pour m’expliquer la longue histoire dont le doigt posé sur les lèvres des recluses m’avait in-