Page:Lamartine – Antoniella.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
302
ANTONIELLA

laissaient pas distinguer leurs figures. On n’apercevait sur leurs bras polis et sur leurs poitrines, sur leurs pieds potelés et sur les plis de leurs ceintures relâchées, que les belles chairs blanches et roses de leur peau d’enfant qui rappelaient à Antoniella les jolis fils d’Annunziata, enfants du pauvre invalide, auxquels elle avait servi de mère pendant la maladie de leur père et pendant les longues misères qu’ils avaient souffertes dans ses bras, Une grosse chienne noire avait le museau couché, les yeux ouverts sur leur corps, veillant sur eux, mais n’osant se lever pour aboyer, de peur de les réveiller, et se contentant d’un grognement à voix basse qui disait assez aux passants :

« Ne les touchez pas, je veille sur eux ! »