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ANTONIELLA.

— Et comment vous êtes-vous trouvée en compagnie de ces malfaiteurs ? lui demanda la supérieure du couvent quand elle eut entièrement repris ses sens. Dites-moi avec confiance la vérité.

— Eh bien, répondit Antoniella, vous allez tout savoir, et l’heure de tout dire est venue.

Alors elle parla ainsi :

« Je ne suis pas Napolitaine ; je suis née parmi les ennemis des chrétiens, dans une famille riche du royaume du Maroc. Un esclave chrétien de mon père convertit ma mère et l’enleva pour la conduire en Espagne. La mer conduisit les fugitifs dans le port de Naples, qui devint leur patrie. Ils s’épousèrent, je fus le fruit de leurs amours. Peu de temps après ma mère mourut ; mon pauvre