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et le vivier. Elle contenait quelques vagues sombres d’eau salée, emprisonnées par le rebord du rocher, et qu’un petit canal souterrain renouvelait et laissait fuir tour à tour, comme le jeu d’un siphon. Un lit de sable fin et bleuâtre lui servait de fond. On y distinguait quelques petits poissons-épics. nullement effrayés par l’ombre de l’homme. qui fuyaient, revenaient, jouant entre eux comme des oiseaux dans leur cage.

Un pêcheur qui passa par là, traînant son filet hors de sa barque, me dit que cette caverne humide était le vivier Cicéron, qui venait y composer ses harangues dans les temps anciens. Je le remerciai, et je restai longtemps seul, réfléchissant à l’éternité des plus simples ouvrages de la nature et à la brièveté de l’homme.