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ANTONIELLA

place ; des soldats s’avancèrent machinalement pour regarder au fond ; une jeune femme apparut toute couverte de sang et appelant au secours les premiers qui l’aperçurent.

Elle était pâle comme la Madone quand elle portait dans les plis de son voile la tête inanimée de son fils détaché de sa croix. Un beau jeune homme, la cuisse cassée par une balle, avait le bras passé autour de son cou et reposait demi-mort contre sa poitrine. Cette jeune femme c’était moi, et c’était Lorenzo, vêtu en paysan des Calabres ; sa ceinture de cuir et quelques restes d’uniforme, ainsi que des boutons de cuivre à sa veste, lui donnaient encore un certain air militaire mal effacé. Ses cheveux noirs encadraient sa figure évanouie :