Page:Lamartine – Antoniella.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
ANTONIELLA.

revis Lorenzo comme un homme à qui on a rêvé trois ans, et qu’on trouve, à son réveil, assis au pied de son lit.

Il me sembla que la Providence évanouie reprenait tout à coup sa place dans le monde, et que le fil que Lorenzo avait emporté de moi allait suspendre de nouveau toute ma destinée. Mais, hélas ! ce n’était qu’un fil !

Tous les jours, depuis ce jour-là, je reçus, par la même voie, tantôt un mot, tantôt un autre ; je tâchais d’en deviner le sens, je me consumais en vaines conjectures ; je croyais comprendre que Lorenzo me jugeait innocente, et qu’il attribuait à la malheureuse Annunziata le crime ou la calomnie dont seule j’étais coupable. Je n’avais aucun moyen de lui répondre ;