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ANTONIELLA

LXXXIII

On nous laissa ainsi plusieurs mois dans le dangereux contact d’une conviction maladive et contagieuse. Nous ne savions réellement plus laquelle de nous deux avait conçu, la première, la pensée désespérée qui nous conduisait à la mort. La mort n’était plus pour nous que l’ardente aspiration au repos. Nous avions trop souffert pour n’être pas à jamais lasses de la vie. Notre seule consolation était de nous entretenir des deux jumeaux, auxquels nous allions léguer le bien-être avec l’innocence que nous consentions à perdre pour eux.