Page:Lamartine – Antoniella.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
197
ANTONIELLA.

« Cette image m’obséda, me troubla, me décida ; je résolus notre mort à toi et à moi, pour les sauver. Cette pensée, qui est encore la mienne, j’étais bien sûre qu’elle serait la tienne quand tu la connaîtrais, puisque ta tendresse pour eux égalait ou surpassait, s’il se peut, la mienne, cette pensée ne me laissa pas hésiter plus longtemps. Je résolus de te faire violence, par une force irrésistible et sans discussion des hommes, qui t’enlèverait ces malheureuses et chères victimes de notre amour et qui leur donnerait le pain et le lait des orphelins à la Miséricorde, et à nous la mort, sans que tu fusses coupable du suicide.

« — Ce suicide, c’est moi seule qui le commets, me dis-je ; c’est sur moi seule