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ANTONIELLA.

rement les bras vers elle, et je me jetai à ses pieds en sanglotant.

« Annunziata ! Annunziata ! pardonne-moi ! lui dis-je tout bas. Je ne suis ni méchante ni folle ; mais je veux, en nous perdant, sauver la vie de tes jumeaux. »

Et, comme ces paroles semblaient, la confirmer dans l’idée de ma démence :

« Je veux sauver les enfants, je veux les sauver, répétai-je ; je les sauverai. Ne te défends pas ! ne te défends pas ! Sachons mourir pour qu’ils vivent ! »

Ces paroles, qu’Annunziata ne comprenait pas, me faisaient passer pour d’autant plus folle à ses yeux. Elle me releva en me serrant contre son cœur avec des larmes ; les miennes répondirent aux siennes. On nous sépara, et les gendarmes, se plaçant