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ANTONIELLA

« Je n’ai pas faim, » dis-je.

On me laissa seule. Pendant cet isolement, Annunziata, privée de ses deux jumeaux, arrachés de force de ses bras pour être portés à la Miséricorde, entra dans la cour, toute noyée dans ses larmes, et fut jetée à côté de moi par un gardien.

« Couche-toi là, la mère ! lui crièrent-ils brutalement ; couche-toi, si tu veux, près de la complice, et expie avec elle les belles leçons que tu lui as données ! »

Annunziata essuya ses yeux humides, m’aperçut, me reconnut, poussa un cri, tomba dans mes bras.

« Malheureuse enfant ! qu’as-tu fait ? me dit-elle ; et comment n’as-tu pas compris qu’en allant au cimetière, te faire passer pour ce que tu n’es pas, tu me jetais, en