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ANTONIELLA.

terrier, avec les enfants dans nos bras. Mais, cette fois, il fallait nous enfuir comme des réprouvés de notre demeure. et aller chercher quatre cercueils pour nous ensevelir.

Oh ! mon Dieu ! comme nous comptions les soleils et les nuits !

Pour comble de malheur, nous n’avions plus de pain, ni de farine, ni de légumes pour les jumeaux. Ils pleuraient sans savoir de quoi ; mais c’était évidemment d’inanition. Tantôt ils embrassaient leur mère, tantôt ils se jetaient à mon cou ; nous fondions en larmes toutes les deux, nous les réchauffions de nos étreintes ; nous ne pouvions les calmer qu’en leur donnant à ronger quelques écorces de cocomero, repoussées par le cochon avec ses pattes, et dans lesquelles