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ANTONIELLA.

res, dont le voisinage était le fléau du quartier. Ils ne pouvaient plus sortir sans qu’elle leur jetât des pierres. Elle raconta à sa famille, et sa famille à d’autres, que notre maison était pleine de racaille, élevée par nous à dérober au prochain les fruits des jardins. Le bruit s’en répandit de maison en maison, et nous n’eûmes plus ni soleil ni ombre à faire goûter aux pauvres jumeaux.

Nous passions le jour entier dans la maison, les portes closes ; et, quand il passait quelque groupe d’hommes, de femmes, d’enfants par le chemin, nous entendions avec effroi tomber des pierres lancées contre la porte, et les mots de vermine malfaisante retentir contre nous dans les sentiers. Notre réputation, déjà ébréchée par