Page:Lamartine – Antoniella.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
ANTONIELLA

Annunziata se mit à travailler sans bruit dans la cour, et moi, je badinai avec les jumeaux, qui s’accoutumèrent tout de suite à moi. Ils commençaient à balbutier quelques mots, et je leur en apprenais d’autres. Leurs rires naïfs, à chaque parole qu’ils répétaient, faisaient rire la mère. Ils se renversaient sur moi, et leurs petites mains jouaient avec mes cheveux épars sur mon sein, pendant que leurs bouches rieuses cherchaient, sur ma poitrine de jeune fille, ces mamelles de leur mère où ils puisaient encore quelquefois, par divertissement, quelques gouttes de ce ruisseau de lait tari qui leur avait versé la vie.