CHAPITRE Ier
À son apparition le Traité de l’Eucharistie produisit une profonde sensation. Il souleva une tempête de critiques et d’injures parmi les divers ordres de moines, et chez plusieurs membres du clergé séculier. Les chaires de Paris, en particulier, retentirent de diatribes à l’adresse de l’auteur huguenot. Plusieurs prédicateurs l’attaquèrent avec violence. Le Portugais Jacques Suarez fit de l’ouvrage protestant le thème de ses prédications pendant tout un carême. La Sorbonne prononça la censure et l’anathème contre l’auteur d’un si pernicieux écrit. Il n’y avait si petit « escholier en théologie qui n’y remarquast quelque endroit pour l’attaquer. » Ce fut comme une chouette, dit Jean de Serres, à laquelle chaque oiseau voulut donner son coup de bec. » L’irritation des catholiques fut telle, prétend Élie Benoit, que pendant plusieurs jours les amis de l’auteur, craignant pour sa vie ; s’opposèrent à ce qu’il parût en public. La sœur du roi lui offrit un asile dans son hôtel.[1]
- ↑ Élie Benoît fait sans doute allusion au voyage que Duplessis-Mornay aurait fait à Paris, quelques mois après l’apparition de son ouvrage,