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étrangère et barbare pour l’Église. Ce sont donc choses toutes différentes. C’est ce que Duplessis-Mornay fait ressortir avec une grande clarté dans les premiers chapitres de son livre. Le reste de la première partie est consacré à tracer un tableau des altérations toujours plus profondes, plus radicales que subirent le culte et la Sainte-Cène, dans la période qui s’étend de Grégoire-le-Grand à Charlemagne. Cette partie du livre est d’un haut et puissant intérêt.

Nous mentionnerons surtout comme un modèle de concision et d’éloquente sobriété, les pages où l’auteur esquisse en traits rapides, le tableau de l’Eglise chrétienne, à partir de la conversion de Constantin, et nous la montre envahie peu à peu par les superstitions et les pratiques du paganisme.

« Maintenant, dit-il, sous l’empire de Constantin, nous voions passer l’Eglise chrestienne de la persécution à la paix, de la servitude en la domination, des déserts aux villes, des cavernes aux palais ; nous voions s’y faire recevoir à la foule, avec les empereurs, les plus notables de l’empire romain, les nations entières, l’orgueil et le luxe du monde. Ne trouvons estrange si en cette grande mutation nous la voions changer tout à coup ; Si l’Eglise recevant le monde en son giron, s’en trouve enflée en un moment, si le monde entre en l’Eglise avec le Monde, introduit en elle par son entrée : je dis les vanitez, les superfluitez, les affections, les imperfections, les