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de Nantes, à peine signé, est déjà considéré, dans bien des cas, presque comme une lettre morte, du moins pour ce qui a trait aux charges, aux offices et aux emplois publics.

La faiblesse ou la duplicité de Henri IV n’y prêtent que trop ouvertement. L’ancien protecteur des Églises réformées n’a que des complaisances pour la cour de Rome, et des caresses pour les seigneurs huguenots qu’il sait accessibles à l’appât des honneurs et de l’intérêt. Quiconque, parmi eux, a besoin de faire sa fortune, n’a qu’une voie ouverte devant lui : l’abjuration.

La période qui s’étend de la conversion de Henri IV jusque vers le milieu du règne de Louis XIII, fut témoin des plus honteuses palinodies. On vit les défections se multiplier dans une proportion tout à fait alarmante. Beaucoup de seigneurs huguenots, selon l’expression de M. de Félice, s’abaissèrent jusqu’à passer par l’Église romaine pour arriver dans les antichambres de la Cour.

Ces abjurations, disons-le à l’honneur du corps pastoral, n’eurent guère de prise sur lui, bien que le clergé catholique eût constitué un fonds annuel assez considérable, pour fournir des pensions aux pasteurs et aux professeurs de théologie qui voudraient abandonner le protestantisme. Bien peu eurent l’indigne faiblesse d’aller puiser dans ce trésor, à de telles conditions.

Le livre du courageux et loyal huguenot était à la