Page:Lallier - Angéline Guillou, 1930.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 78 —

Après la messe, de nouveaux groupes se formèrent à la porte de l’église ; mais Angéline fila droit à la maison, pendant que Jacques, qui la suivait de près au sortir de l’office, la reconduisit du regard à travers le chemin tortueux conduisant à sa demeure. Regardant par-dessus les groupes qu’il dominait de toute la tête, il n’aperçut pas d’abord la garde-malade qui avait trouvé moyen de se trouver sur son passage. Le capitaine qui n’avait pas remarqué cette manœuvre, tout distrait par l’attrait d’Angéline, salua gracieusement Antoinette quand il l’aperçut. Ce fut celle-ci qui lui adressa la parole.

— Vous êtes le héros du jour, capitaine ! Et la Côte retentira longtemps des échos de vos exploits.

— Ma foi, Mademoiselle, chacun son métier. Il n’y a pas tant de mérite, après tout, à tuer des marsouins. Je les tue comme vous… soignez les humains, parce que je suis payé pour le faire.

— Vous êtes maussade ! et vous me faites de la peine.

— Je le regrette, Mademoiselle, et si je vous ai fait de la peine, je suis bien prêt à réparer.

— Ah ! c’est plus aimable ! et comment ?

— Vous êtes l’offensée, vous avez le choix des armes !

— Eh ! bien, je choisis un tour d’aéroplane.

— Vous êtes brave, Mademoiselle ! j’accepte. À ma prochaine envolée vous m’accompagnerez.

La petite garde-malade, toute heureuse de son succès apparent, s’en retourna au dispensaire pendant que le capitaine rentrait au presbytère.


VII


Angéline n’avait pas été sans être l’objet de l’attention des jeunes gens du village depuis son retour sur la Côte, mais surtout depuis qu’elle se mêlait plus souvent aux autres dans leurs réunions. Douée d’un caractère naturellement jovial, le naturel reprenait le dessus à mesure que