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comme vous le voyez, avec les messieurs étrangers qui nous visitent en ce moment. Désormais, aux jours de grande détresse, adressez-vous à Notre-Dame de la Garde. Demandez-lui qu’elle ramène la prospérité d’autrefois sur ce petit coin de terre que nous avons tous appris à aimer malgré la rigueur du climat et l’aridité de son sol. Priez-la de nous procurer un moyen pour que la pêche reprenne au printemps. Nous subissons une dure épreuve, mais Notre-Seigneur envoie sa Mère à notre secours.

Que Notre-Dame de la Garde vous protège !…

À Monsieur le Capitaine et aux autres officiers du bateau, merci pour cette belle statue qui ornera désormais notre église et qui sera certainement une source de bénédictions pour vous tous aussi bien que pour nous-mêmes. »

Le curé n’en disait jamais long, mais il était toujours au point. Les paroissiens paraissaient profondément émus quand ils allèrent reconduire le capitaine et les officiers sur la grève.


XVIII


La courte saison d’été prit bientôt fin. Les pêcheurs partis au printemps pour la Gaspésie commencèrent à rentrer un à un, ayant fait pour la plupart une saison assez fructueuse. Ceux qui s’étaient rendus aux bancs de Miscou et à Terre-Neuve revinrent un peu plus tard, tandis que d’autres, qui avaient traversé à l’île d’Anticosti pour y travailler à la coupe du bois, profitèrent du dernier bateau pour réintégrer leurs foyers.

Les plus forts d’entre eux repartirent immédiatement pour la chasse, de sorte que la population restée au village se résumait aux femmes, aux vieillards et aux enfants. Les jours sombres et moroses du mois d’octobre s’écoulèrent tristes et monotones. Puis vint la Toussaint qui apporta avec elle la traditionnelle bordée de neige, couvrant de son blanc linceul tout le littoral et jusqu’aux profondeurs de la forêt sans fin.