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du vieux temps

chacune de deux mètres de haut, l’une appelée la Pierre des Las, l’autre, la Pierre à la Bergère. Cette dernière offre, dans le milieu d’une de ses parois, un trou inégalement arrondi.

De la grande quantité de pierres celtiques qui couvrent certaines régions du département de l’Indre, on a inféré que cette partie du Berry devait être, sous l’ère gauloise, beaucoup plus peuplée que les autres, mais c’est à tort, selon nous. Deux raisons expliquent cet état de choses : d’abord, l’abondance, la grande dimension et la dureté des matériaux qui se trouvaient sur l’emplacement même où l’on éleva ces constructions ; ensuite, l’usage où étaient, au rapport de plusieurs savants, les tribus gaéliques d’accumuler ces monuments sur les confins de leur territoire. Là où le sol était naturellement dépourvu de pierres monumentales, comme dans le haut Berry et dans une grande partie de l’Indre, on les faisait venir de fort loin ; exemple : le dolmen de Moulins et les Pierres-Folles de Liniez. Si ces contrées ne possèdent maintenant qu’un très-petit nombre de pierres celtiques, c’est que très-probablement on les a employées, comme celles de Nohant-en-Graçay et de Mehun-sur-Yèvre, à des usages vulgaires.

Les moyens mis en œuvre pour transporter et ériger les plus grands de ces monolithes, — il en existe un à Locmariaker, en Bretagne, qui a vingt et un mètres de long et qui pèse un poids considérable, — sont aujourd’hui connus ; l’explication s’en trouve dans les bas-reliefs de Ninive, où l’on voit, dit M. Henri Martin, une masse non moins énorme avancer, tirée à bras d’hommes, sur une espèce de radeau roulant, puis dressée avec des machines.

On sait aussi pourquoi nos pères ne cherchaient pas même à dégrossir ces pierres consacrées : c’était par suite d’un préjugé religieux et traditionnel qui remonte aux premiers âges du monde et qui paraît avoir été généralement accepté par les sociétés alors existantes, puisque l’on rencontre de ces