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souvenirs

et que le même dieu, au rapport d’Homère, a gardé les troupeaux de Laomédon, sur le mont Ida. Nous y verrons aussi que la sainte, ainsi que le dieu, guérissait les malades ; nous y verrons de plus, — et cette circonstance est singuliérement significative, — qu’une étoile a brillé au-dessus de la tête de Solange, tant qu’elle a été de ce monde, le jour comme la nuit. Or cette étoile peut-elle être autre chose que l’image du soleil ?

Enfin, pour compléter ces ressemblances, nous allons citer un fait fort remarquable, qui, ce nous semble, doit suffire pour confirmer nos présomptions.

Le jour de la fête de sainte Solange, on distribue, on vend aux pèlerins une espèce de bouquet artificiel d’une composition tout à fait particulière et qui caractérise d’autant mieux cette solennité, que l’on ne voit rien de semblable, lors de nos grandes assemblées religieuses de la Trinité, à Cluis, de la Pentecôte, à Gargilesse, et de Vaudouan, près la Châtre. Ce bouquet, si connu par tout le pays, sous le nom de bouquet de sainte Solange, consiste en une sorte de branche de laurier, chargée d’une infinité de fleurs et de rubans parmi lesquels rayonnent de tout petits miroirs et de nombreux globules métalliques de grosseur inégale. Eh bien, ce rameau symbolique, véritablement renouvelé des Grecs, figurait autrefois dans la fête des rameaux de laurier que l’on célébrait tous les ans, en Béotie, en l’honneur d’Apollon Isménien. Le récit que l’abbé Barthélémy nous a laissé de cette pompe solennelle[1] explique parfaitement le sens allégorique du bouquet de sainte Solange : — « Le ministre d’Apollon, dit cet écrivain, était suivi d’un chœur de jeunes filles qui tenaient des rameaux et qui chantaient des hymnes. Un jeune homme de ses parents le précédait, portant dans ses mains une longue branche d’olivier couverte de fleurs et de feuilles de laurier ;

  1. Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, ch. xxxiv.