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PRÉFACE DE LA DEUXIÈME ÉDITION

vainement erré, il s’est contenté, pour vivre, de quelques lueurs çà et là entrevues, de quelques notions scientifiques et morales. Et alors, revenu de ses grandes ivresses, de ses infinis espoirs, de ses amours, et même du plus magnifique de tous, l’amour mystique, il n’a plus vu et affirmé que deux choses, le peu qu’est l’homme dans les gouffres du temps et de l’espace, et devant l’incertitude, ou plutôt la certitude de notre sort, devant la mort, devant le mal et la douleur, devant le désordre et les laideurs du monde, la nécessité de la pitié qui peut alléger ses souffrances, celle de recréer ce monde dans l’ordre et la justice, et celle encore d’adorer la beauté, qui peut l’illuminer et le transfigurer parfois. Une phrase, rencontrée un jour, du philosophe Al-Ghazali m’étonna : j’y retrouvais une partie de ma pensée ; sa vie, quand je vins à la connaître, ressemblait à la mienne. C’est ainsi que j’eus cette idée d’écrire ces quatrains sous son nom, comme si j’étais un peu lui, ou qu’il eût été un peu moi.